Parthenope
Paolo Sorrentino, France, Italy, 2024o
The long journey of Parthenope’s life, from her birth in 1950 till today. A feminine epic, devoid of heroism but brimming with an inexorable passion for freedom, Naples, and the faces of love—all those true, pointless, and unspeakable loves.
Paolo Sorrentino produit des images, juste des images. Chez lui, tout est affaire de surface. De La grande bellezza à Loro en passant par Youth?, son cinéma tire le portrait de jet-setteurs usés, de baiseurs sur le retour, de fringants vieillards blasés. Ils ont joui autrefois, désormais ils s’ennuient. Les films du réalisateur transalpin sont les tombeaux de leurs désirs enfuis. Dans Parthenope, la quête d’un âge d’or révolu se traduit par une obsession compulsive pour la jeunesse. Ce film, le plus radical de son auteur à ce jour, n’a qu’un sujet: le corps, sublimé dans chaque plan, d’une jeune femme dont la beauté est un fardeau. Le vague récit noué autour des années d’apprentissage de cet être à la morgue hautaine sert avant tout de prétexte pour filmer la Naples des années 1960, reconstituée dans une débauche de costumes, d’hôtels de luxe et autres coquetteries. Si la méditation sur la beauté distillée ici et là tient du pensum, elle reste sagement circonscrite à quelques scènes qui, au même titre que les nombreuses parures visibles à l’écran, ont valeur d’accessoire. Le reste se regarde comme un clip à l’érotisme glacé. Pas désagréable, donc. Au contraire, un authentique plaisir coupable: pendant 2h20, on se vautre dans le luxe le plus tape-à-l’œil et la beauté au sommet de sa standardisation. Ici, le spectacle et la mise en scène sont érigés en art de vie, comme dans une émission de télé-réalité. À cet égard, le film tient d’une démarche presque expérimentale, assurément provocante. Et si, plus que d’un film de cinéma, il s’agissait d’une carte blanche à un réalisateur de publicités cosmétiques qui aurait recyclé l’intégrale des films d’Erich von Stroheim, Federico Fellini et Luchino Visconti dans un savant mixage postmoderne? Avec des si, on mettrait Paris en bouteille. Et Naples dans un flacon de parfum.
Emilien Gür